Henri IV & Gabrielle D'Estrées

© Jean-François Goblet - 2017

 

Pour les beaux yeux de Gabrielle d'Estrées

 

Gabrielle d’Estrées est la fille d’Antoine d’Estrées, marquis de Cœuvres, gouverneur de la Fère et de Françoise Babou de la Bourdaisière l’une des « sept péchés capitaux ». Elle est la maîtresse du grand écuyer de France Roger Bellegarde qui la présente au roi. Henri en tombe éperdument amoureux.

 

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Château de Coeuvres - Aisne

 

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                             Antoine d'Estrées                      Françoise Babou                          Roger de Bellegarde

 

Heureuse de revoir son amant à l’improviste, elle ne fait pas attention au roi. Peu de temps après, le roi se déguise en paysan pour l’approcher (la Picardie n’étant pas une terre d’accueil). Accueilli froidement (et pour cause, il est crasseux, hirsute, malodorant) par Gabrielle et sa sœur Diane, il lui déclare sa flamme : elle tourne les talons. Henri n’en est que plus émoustillé !

 

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Gabrielle d'Estrée et Henri IV

La famille lui fait miroiter qu’il est plus avantageux de devenir favorite royale que simple femme du Grand écuyer. Malgré la différence d’âge elle 17 ans le roi 40 ans. Gabrielle entre dans le lit du roi qui la comble de richesses malgré les malheurs de la guerre et la misère du peuple. Le roi en est éperdument amoureux le peuple de Paris la méprise et lui donne le nom de « putain royale ».

En juin 1592, le roi pour préserver l’honneur de son « bel ange » lui fait contracter un mariage blanc avec Nicolas d’Amerval Sieur de Liancourt-Fosse près de Nesle, baron de Benais âgé de 36 ans, petit brun et laid. Membre de la bonne noblesse de Picardie, il est gouverneur de Chauny. Il est par ailleurs parent par alliance à la famille d’Estrées, puisqu’il est veuf d’une cousine de Gabrielle.

La cérémonie de mariage a lieu début juin dans une chapelle de la cathédrale de Noyon. Les nouveaux mariés s’installent au château de Liancourt-Fosse où, dès le 10 juin, ils reçoivent la visite d’Henri IV. Ce jour-là, le roi donne à son amante un château et une seigneurie.

 

Le 7 juin 1594, Madame de Liancourt met au monde un garçon, à la grande joie du roi.  Mais l’enfant est issu d’un double adultère. Il faut penser à démarier Gabrielle. Il s’avère qu’à cette époque, si la maîtresse est célibataire, le concubinage est mieux considéré que l’adultère.

Pour le divorce, on choisit Amiens (La ville de Noyon est occupée par la ligue ultra-catholique), où François Roze, doyen de l’église, chanoine prébendé et official de cette ville, consent, moyennant la promesse d’un important évêché, à être délégué.

Le 7 janvier 1595 Gabrielle est délivrée de son mariage avec le sieur de Liancourt pour non consommation. Un motif plus sérieux est cependant invoqué pour sauver cette farce du ridicule : selon les lois de l’église, un veuf ne peut se remarier avec une parente de sa première femme.

Pour compensation, il vendra à Liancourt la seigneurie de Falvy-sur-Somme pour quatre mille écus, alors qu’elle en vaut douze mille. Henri IV a donc ‘bradé l’église Sainte-Benoîte pour les beaux yeux de Gabrielle’.

tour-gabrielle1.jpgChâteau de Liancourt-Fosse (Près de Nesle)

 

 

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Henri IV et Gabrielle d'Estrée

Le roi peut reconnaître la paternité du petit césar et le légitimer mais avec incapacité au droit de régner.

Le 25 mars 1596 Gabrielle reçoit la seigneurie de Montceaux et devient marquise de Montceaux. Le 11 novembre elle met au monde au monastère de Saint-Ouen, une fille Catherine-Henriette. Le 27 novembre la fillette est baptisée telle une enfant royale.

Le peuple est de plus en plus haineux envers la favorite qui dilapide l’argent du roi qui devrait être employé pour le peuple. Juillet 1597 la marquise est faite duchesse de Beaufort. Elle se conduit en reine. La haine des Parisiens monte contre la « duchesse d’ordure ».

Le 19 avril 1598, dans le château des ducs de Bretagne à Nantes la duchesse met au monde son troisième enfant que le roi prénomme Alexandre.

Henri veut faire annuler son mariage avec Marguerite de Valois, afin d’épouser sa maîtresse mais Margot refuse. Lors d’un repas devant l’assistance horrifiée Henri annonce ouvertement et solennellement son mariage avec Gabrielle assise auprès de lui et à laquelle il passe au doigt l’anneau du sacre (Henri est toujours l’époux de Marguerite de Valois).

Le vendredi 9 avril 1599 vers deux heures de l’après-midi, Gabrielle est délivrée d’un garçon mort-né. Son visage si beau est devenu hideux. Elle sombre dans le coma et meurt dans d’effroyables convulsions dues à l’éclampsie (ou dit-on par un citron empoisonné chez le financier Sébastien Zamet). Elle décède le samedi 10 avril 1599 à 5 heures du matin sans avoir revu le roi. Elle a 25 ans.

On arrêta d'ailleurs Henri IV à Villejuif, alors qu'il se rendait à Fontainebleau pour la voir afin de lui éviter ce spectacle.

Henri IV lui offre des funérailles royales et porte le deuil en s'habillant entièrement en noir, ce qu'aucun roi de France n'avait jamais fait.

Gabrielle eut droit à des funérailles royales. Ses obsèques furent célébrées en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois puis son corps fut inhumé dans le chœur de l'église de l'abbaye de Maubuisson, que dirigeait sa soeur, Angélique d'Estrées.

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                                          Henri IV, Sully et Gabrielle                                Sébastien Zamet

 

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César de Vendôme fils de Gabrielle d'Estrées et d'Henri IV

 

 

 

 

 

Questions / Réponses

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Commentaires

  • Fischer Jacques

    1 Fischer Jacques Le 01/03/2021

    Bonjour Monsieur Roussel,
    J'ai bien aimé votre récit concernant Gabrielle et Henri...
    Peut-être pourrez-vous m'apporter quelques précisions... Henri ayant cédé (Bradé dirons-nous) Falvy sur somme au marquis d'Amerval, a fait appel à deux notaires royaux de Clermont en Beauvaisis... Avez-vous connaissance de ces deux notaires...
    Par ailleurs pour votre information, mon arrière grand-père, un autre César Damerval
    (l'apostrophe a disparue) a épousé Clarisse Lefèvre, fille du maréchal Lefèvre, et donc fille de "Madame sans gène"...
    Mais cela est une autre histoire...
    Dans l'attente du plaisir prochainement.
    J. Fischer
  • Calais

    2 Calais Le 24/09/2016

    bravo, fort bien documenté !
  • aline buffa

    3 aline buffa Le 19/09/2015

    Bonjour
    je vous ai écrit au mois de juillet mais je n'ai pas de réponse de votre part.
    Pouvez-vous me répondre S V P
    d'Avance merci
    PASCAL ROUSSEL

    PASCAL ROUSSEL Le 19/09/2015

    Bonsoir Madame, Je vous ai répondu le jour même et vous ai renvoyé un message le jour de votre réclamation sur votre boîte mail. Bien cordialement. Pascal Roussel
  • aline buffa

    4 aline buffa Le 09/07/2015

    Bonjour,
    Je viens de visiter Chenonceau, et j'aimerai bien mettre votre article dans mon classeur de photos
    merci d'avance

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